top of page

2024 10 - Y a-t-il des mauvais perdants au sein du lobby de l’industrie automobile ?

Photo du rédacteur: Thierry DevresseThierry Devresse

Dernière mise à jour : 22 janv.




Comportements «d’enfants gâté »

C’est l’impression que l’on pourrait avoir, au vu des critiques émises par Frank Van Gool de Febiac* devant une audience de 600 professionnels de la mobilité lors des Mobility Awards of the Year, organisés jeudi dernier par Link2fleet*. Ses attaques visaient le remboursement du loyer ou l’hypothèque de la résidence de l’employé quand il habite à moins de 10km de son lieu de travail principal. Il considère cela comme une perte pour le secteur de la mobilité et le compare à un « cash for car ».

 

Prenons un instant de recul.

Depuis des décennies, les voitures de société qui, par définition ont un usage mixte privé-professionnel) bénéficient d’un soutien fiscal préférentiel et exclusif de la part du gouvernement. La Belgique est ainsi devenue le seul pays en Europe à posséder un parc de véhicules de société aussi florissant et luxueux. Les voitures de société détenaient un monopole tacite sur le traitement fiscal de la mobilité privée des employés.

Le Budget Mobilité a rééquilibré cette situation, qui désavantageait les transports alternatifs et ceux qui ne souhaitaient pas de véhicule de société. Il encourage les employés à prendre des décisions plus responsables en matière de mobilité, sans surcharger l'employeur sur le plan administratif. Les outils disponibles sur le marché montrent même que la gestion de la mobilité douce est quatre fois plus légère que celle des voitures de société.

Toutefois, le Budget Mobilité présente une limite : il n'est pas encore accessible à tous les employés, mais seulement à ceux qui bénéficient d’une voiture de société, soit environ 10 % des employés.

Ce cadre légal inclut toutes les options de mobilité des employés : voiture écologique, transports en commun, vélos et motos électriques, taxis, véhicules partagés et les déplacements domicile-travail de moins de 10km. Dans le cas du télétravail à titre principal, la mobilité électronique couvre les déplacements évités, qu’ils soient domicile-travail, privés ou professionnels. L'employeur définit le cadre autorisé pour ces non-déplacements, pouvant ainsi exclure le télétravail ou spécifier les déplacements physiques requis pour l’entreprise. La pandémie de Covid a, quant à elle, montré l’étendue des fonctions pouvant être exercées à domicile.

Cette diminution des déplacements, adoptée par 70 % des employés et employeurs, est aujourd’hui perçue pour les entreprises liées aux voitures de société, comme une menace. Lorsque l’employé et l’employeur choisissent de diminuer significativement les déplacements en habitant près de son lieu de travail ou en télétravaillant de façon principale, la voiture de société devient souvent superflue. Ce n’est donc pas comparable au « cash for car » qui n’imposait pas cette réduction des déplacements.


Où est le vrai problème ?

Soyons réalistes : si employeurs et employés optent pour une mobilité plus responsable et allégée, où est le vrai problème ?

J’avoue moi-même ressentir un certain attachement à une belle voiture, et je n’abandonnerai pas facilement mon beau véhicule de société. Peut-être renoncerais-je à quelques options pour les échanger contre un vélo électrique. Cependant, j’ai beaucoup de respect pour ceux qui font le choix plus rationnel et responsable de réduire significativement leurs déplacements et de se déplaçer ensuite en vélo, en transports en commun ou avec un véhicule plus petit. En toute honnêteté, je pense que je suis plus critiquable avec mon luxueux véhicule de société !


Jouons franc-jeu

Respectons le choix de nos clients et de leurs employés. Le monopole de la voiture de société en Belgique, unique en Europe pendant tant d’années, était ce qu’il fallait remettre en question. Alors, accueillons avec enthousiasme les nouvelles règles du jeu !



*1 Febiac est la fédération belge et luxembourgeoise qui représente les constructeurs et les importateurs de l'automobile et du deux-roues

*2 Link2fleet est le média Belge représentant la mobilité d’entreprise.

Comments


bottom of page